N-D DE LOURDES, LA VIERGE DE LA MARNE
Le 3 janvier 1915 « Un prêtre allemand blessé et fait prisonnier à la bataille de la Marne, est mort dans une ambulance française où se trouvaient des religieuses. Il leur dit : < Comme soldat, je devrais garder le silence, comme prêtre, je crois devoir dire ce que j’ai vu. Pendant la bataille de la Marne, nous étions surpris d’ être refoulés car nous étions légion, comparés aux Français et nous comptions bien arriver à Paris. Mais nous vîmes la Sainte Vierge toute habillée de blanc avec une ceinture bleue, inclinée vers Paris… elle nous tournait le dos et de la main droite, semblait nous repousser… Cela je l’ai vu et un grand nombre des nôtres aussi. Dans les jours où ce prêtre allemand parlait ainsi, deux officiers allemands, prisonniers, comme lui, et blessés, entraient dans une ambulance française de la Croix-Rouge. Une dame infirmière parlant allemand les accompagne. Quand ils entrèrent dans une salle où se trouvait une statue de Notre-Dame de Lourdes, ils se regardèrent et dirent : » Oh ! La Vierge de la Marne ! "
La meilleure preuve d’ authenticité du récit qui précède est le suivant, qui se rapporte au même fait : une religieuse qui soigne les blessés à Issy-les-Moulineaux, écrit : « C’était après la bataille de la Marne, parmi les blessés soignés à l’ambulance d’Issy, se trouvait un Allemand très grièvement atteint et jugé perdu. Grâce aux soins qui lui furent prodigués, il vécut encore plus d’un mois, il était catholique et témoignait de grands sentiments de foi. Les infirmiers étaient tous prêtres. Il reçut les secours de la religion et ne savait comment témoigner sa gratitude ; il disait souvent : » Je voudrais faire quelque chose pour vous remercier. « Enfin, le jour où il reçut l’ extrême-onction, il dit aux infirmiers : » Vous m’avez soigné avec beaucoup de charité, je veux faire quelque chose pour vous en vous racontant ce qui n’est pas à notre avantage, mais qui vous fera plaisir. Je paierai ainsi un peu de ma dette.
« Si j’ étais sur le front, je serais fusillé, car défense a été faite de raconter, sous peine de mort ce que je vais vous dire : vous avez été étonnés de notre recul si subit quand nous sommes arrivés aux portes de Paris . » Nous n’avons pas pu aller plus loin, une Vierge se tenait devant nous, les bras étendus, nous poussant chaque fois que nous avions l’ordre d’avancer. Pendant plusieurs jours nous ne savions pas si c’était une de vos saintes nationales, Geneviève ou Jeanne d’ Arc. Après, nous avons compris que c’était la Sainte Vierge qui nous clouait sur place. Le 8 septembre, Elle nous repoussa avec tant de force, que tous, comme un seul Homme, nous nous sommes enfuis. Ce que je vous dis, vous l’entendrez sans doute redire plus tard, car nous sommes peut-être 100.000 hommes qui l’avons vu. "
Alain Denizot, Le Sacré Cœur et la grande guerre, Nouvelles Editions latines, 1994.