Pèlerinage de Notre-Dame du Rouet
à Carry-le-Rouet
Le 2 février 2018
à Carry-le-Rouet
Le 2 février 2018
L’attachement à la Vierge Marie est ancienne à Carry-le-Rouet, avec un pèlerinage à Notre-Dame du Rouet remontant aux XVI-XVIIe siècles. Le principal pèlerinage, après avoir été celui du 15 août, est celui du 2 février, jour de la Purification. En outre, durant le mois de Marie, en mai, les habitants de Carry viennent en procession placer la statue de Notre-Dame-du-Rouet dans l’église de la commune, où elle trône durant tout ce mois de mai.
La dévotion à la Vierge Marie est effective dès les premiers temps de l’Eglise.
« La Vierge Marie Marie jouit d’une prééminence absolue parmi les saints dans les Eglises d’Orient et d’Occident, car elle a le privilège d’avoir été la mère de Jésus qui,
aux yeux de la foi chrétienne, est pleinement homme tout en participant de la nature de Dieu. Les textes scripturaires sont muets sur son enfance. Elle apparaît dans les Evangiles à l’occasion de la naissance de Jésus ( Mt 1, 18 ; Lc 1-2).
Les deux Evangélistes affirment avec une égale force la conception virginale du Christ ; c’est l épisode de l’Annonciation.
La Nativité est une autre fête de première importance dans le monde chrétien. Marie apparaît, toujours en arrière-plan, dans certains des s épisodes qui jalonnent la vie de Jésus (Présentation au Temple, Noces de Cana).
Saint Jean la place au pied de la Croix dans son récit de la Passion. Enfin, les Actes des Apôtres notent sa présence parmi les apôtres au jour de la Pentecôte. Seules des sources apocryphes évoquent sa vie après la Crucifixion et la Résurrection. Les uns la font mourir et enterrer à Ephèse, d’autres situent cet évènement à Jérusalem. La doctrine de son Assomption corporelle au ciel est professée par l’Eglise dès le VIe siècle. L’Assomption est fêtée en Occident le 15 août. C’est la fête mariale par excellence. En Orient, où elle apparaît d’abord, elle s’appelle la Dormition (mort de Marie).
La tradition patristique s’est appliquée à éclairer sous ses multiples aspects le mystère de la « nouvelle Eve » : saint Irénée (130-200) et saint Justin (100-165) ont été les premiers à célébrer ce thème : Marie est la nouvelle Eve, qui s’oppose à Eve, en ce qu’elle incarne la vertu d’obéissance. Marie a été de tout temps l’objet d’une immense vénération dans le monde chrétien d’Occident et dans l’orient byzantin. Cependant, d’une époque à l’autre, la dévotion mariale a varié dans le choix de aspects théologiques. Ainsi le Haut Moyen Age privilégie-t-il la Vierge « Theotokos » (Mère de Dieu) au hiératisme de type byzantin, tandis que le XIIIe siècle s’attache au caractère humain de la mère de Jésus, à sa tendresse maternelle. Les XIV et XVe siècles insistent sur le tragique de la Passion, la Mater Dolorosa. »
le 8 décembre 1854, dans la Bulle Ineffabilis Deus, le pape Pie IX déclarait : « Nous déclarons, prononçons et définissons que la doctrine qui tient que la bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu tout puissant, en vue des mérites de Jésus Christ, Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel, est une doctrine révélée de Dieu, et qu’ainsi elle doit être crue fermement et constamment par tous les fidèles ».
Le 25 mars 1858, dans la grotte humide et sombre de Massabielle, Marie converse avec Bernadette qui l’interroge ; elle lui dit son nom : « Je suis l’Immaculée Conception ».
« La dévotion à Notre-Dame-du-Rouet remontant assez loin, il y a eu sans doute d’autres constructions dans les siècles précédents,mais il n’en reste aucune trace. La chapelle actuelle a été construite en 1653. Ce millésime est gravé
sur l’arceau près de la porte d’entrée. Sa forme est des plus simple. Elle est a
llongée du côté de son entrée, qui va vers l’Ouest,c’est-à-dire du côté de Carry… il
est à regretter que la porte principale ne soit pas en regard de la pleine mer.
La chapelle n’offre rien de remarquable si ce n’est que la statue de la Sainte Vierge est représentée allaitant l’Enfant Jésus.
Elle est placée sur l’autel dans un encadrement vitré. Derrière l’autel on voit une Assomption signée N. Ballin ; mauvaise exécution.
Cet artiste était bien loin d’avoir le talent de ses homonymes et contemporains habiles orfèvres de Louis XIV.
Ce tableau est comme encadré de deux pilastres de bois peints et dorés portant à leur base les armes de la famille de Gérente, qui sont : d’or au sautoir de gueules.
C’est le seul objet qui orne les parois de l’édifice, où l’on ne voit actuellement que deux ou trois images mal exécutées rappelant des guérisons obtenues par l’intercession de Notre-Dame-du-Rouet. – Les anciens assurent qu’autrefois l’église était tapissée de ses ex-voto, mais qu’un curé peu confiant en la protection
de la Vierge invoquée dans cet oratoire, les enleva et les jeta au feu. Dès que l’on
et connaissance du fait, toute la population se mità la poursuite du curé pour lui infliger une punition exemplaire, mais celui-ci put se sauver dans une barque. On raconte que dès qu’il fut sur la mer, une tempête horrible s’éleva soudain…
et l’obligea sans doute à se recommander à la protection de la Bonne-Mère… Il fut
retiré des flots par quelques-uns de ceux qui l’avaient poursuivi, et les habitants ne le respectèrent que parce qu’il promitde quitter le pays le même jour. Ce qu’il fit.
Ce modeste édifice est surmonté d’un petit clocher. Rien de saisissant comme le son argentin de la cloche lorsqu’elle est entendue les jours de calme par les marins qui fréquentent la côte.
Dans la nuit du 24 au 25 décembre 1821, un coup de vent de S.-O. occasionna de nombreux sinistres dans notre rade, ce qui n’est pas encore oublié des habitants du golfe, renversa le clocher, et la cloche en tombant brisa la toiture.
A diverses reprises, un ermite s’est établi dans les environs. Le dernier n’y a séjourné que peu de mois, il y a 25 ans environ.
La chapelle profite de la coupe de bois des pins qui croissent sur le rocher et sur les parties escarpées, et d’un troupeau de douze moutons, dont le produit, d’environ cent francs paran, est remis à l’église. Cette possession de Notre-Dame-du-Rouet est fort ancienne. Le petit troupeau a été conservé pendant la Révolution en des mains fidèles. Quant au titre qui en assurait la propriété à la chapelle, nous n’avons pu le retrouver. Ces deux genres de produits ont un emploi tout spécial : ils sont affectés aux réparations, et grâce cette ressource, la chapelle, qui au reste est d’une bonne construction, est maintenue en bon état. Elle a été réparé il y a quelques an
nées au moyen de l’accumulation des rentes.
« Les habitants de Carry assurent que leur chapelle du Rouet a été construite tout près de l’endroit où une statue de la Vierge fut miraculeusement découverte par une chèvre qui à maintes reprises, et quoiqu’on la retînt, était venue flairer le sol et le gratter. On nous a montré la fente du rocher où la découverte fut faite, sans que personne ait pu préciser l’époque de l’évènement. La tradition, fortement enracinée dans le pays, se borne à ce simple récit.
Il ne serait pas étonnant que, pendant les guerres religieuses des siècles derniers, on ait, au Rouet,comme cela s’est vu ailleurs, confié à la terre une image vénérée. Mais est-ce à cause de cette découverte-même que l’église du Rouet a été bâtie ? Ne faut-il pas plutôt croire que c’est simplement à cause de la dévotion à la sainte-Vierge que l’on a pensé à y établir un oratoire ?
La localité s’y prêtait admirablement : en face du port de Marseille, sur une roche qui avance dans la mer et qui est extrêmement remarquable par ses formes, et pour servir, qui sait ? de pendant au sanctuaire de Notre-Dame-de-la-Garde placé de l’autre côté de la rade. »
« Les habitants de Carry et de Sausset font donc de nombreux pèlerinages à Notre-Dame-du-Rouet. La statue est portée plusieurs fois l’année à Carry, et placée dans l’église. Elle est retournée avec la même cérémonie un ou deux jours après. Le lendemain surtout de la première communion, on va à la chapelle en procession. Une jeune communiante, à genoux aux pieds de l’image vénérée, prononce l’acte de consécration à la Sainte-Vierge. Rien n’est intéressant comme le retour de la procession. Après un goûter champêtre, véritables agapes où règne une sainte gaité, les uns, accompagnés de leurs parents, reviennent par le même chemin ; d’autres, fort nombreux, s’embarquent, si le temps le permet, sur des bateaux de pêche ou des canots. Bientôt des chants pieux se font entendre de la flottille, auxquels on répond de terre par des cantiques, et comme les deux routes que l’on suit sont parallèles et assez rapprochées, cet accord dans le chant se prolonge assez longtemps.
Ce qui ajoute un charme infini à ce concert de louanges, c’est le tintement empressé de la cloche de la chapelle. Ces pèlerinages par terre et par mer, et où règnent la simplicité, la naïveté, ont un attrait sans égal pour l’observateur.
Carry a depuis peu son monument dédié à la Bonne Mère. Il a été établi aux frais d’un particulier, et sur sa propriété, dans un endroit élevé et bien apparent, dominant le port, du côté de l’Ouest.
Il consiste en un colonne d’ordre corinthien surmontée d’une statue de la Sainte-Vierge. Le monument, établi dans des conditions convenables, et non en miniature, comme on pourrait le supposer par rapport au petit village où il a été érigé, e
st entouré d’une balustrade en fer ; l’intervalle est garni de plantes. Au leva
nt, deux candélabres surmontés chacun d’une lanterne. Inscriptions sur le piédestal, au levant : A marie Immaculée, souvenir du VIII décembre MDCCCLIV ; au nord, Vierge clémente, priez pour nous ; au couchant, 8 décembre 1862 ; au midi : Je vous salue, Etoile de la mer. »
Source :
Paroisse de Carry-le-Rouet : 04 42 44 68 36