Pèlerinage Catherine Lassagne
pour les femmes
Depuis Ars vers Notre Dame de Beaumont
Dimanche 21 mai 2017
« Femme, être missionnaire, c’est laisser déborder ton cœur »
pour les femmes
Depuis Ars vers Notre Dame de Beaumont
Dimanche 21 mai 2017
« Femme, être missionnaire, c’est laisser déborder ton cœur »
« Dimanche 21 mai 2017, de 8 h à 18 h. Le sanctuaire d’Ars vous invite au 17e pèlerinage Catherine Lassagne, 25 kms depuis Ars vers Notre Dame de Beaumont à travers les beaux paysages de la Dombes (01).
Vous êtes toutes invitées - dès 18 ans et quelque soit votre état de vie - pour découvrir et rendre grâce pour votre vocation de femme et intercéder les unes pour les autres ;
Le thème de l’enseignement qui sera donné par Madame Régine Maire, bibliste :
« Femme, être missionnaire, c’est laisser déborder [ton] cœur » (St Curé d’Ars)
« Va trouver mes frères et dis-leur… » Jn 20,17b »
Déroulement de la journée :
8h00 Accueil au Sanctuaire : salle Audio-visuelle et conférence de Mme Régine MAIRE, bibliste
Envoi devant la Croix de l’esplanade
Départ de la marche par chapitre.
12h45 Pique-nique tiré du sac à Sainte Olive
13h45 Brève reprise du thème
14h00 Reprise de la marche par chapitre
17h00 Messe dominicale à la chapelle ND de Beaumont
Parents, enfants et amis peuvent nous rejoindre à Notre-Dame de Beaumont pour la messe (5 kms au Nord de Villars-les-Dombes par la D80). »
L’inscription se fait auprès du Sanctuaire d’Ars.
451 rue Jean-Marie Vianney
01480 Ars-sur-Formans
Tel : 04 74 08 17 17
Grands témoins d’Ars contemporains ou amis du Saint Curé : Catherine Lassagne
Catherine Lassagne[1806-1883] - Directrice de la Providence
- Cultivatrice avant d’être appelée par le Curé
Il peut sembler surprenant que Catherine Lassagne soit si peu connue, même par ceux qui aiment ou vénèrent le Curé d’Ars. En 1862, lors du procès de béatification, elle se présentait ainsi : « Je m’appelle Catherine Lassagne. Je suis née à Ars le huit mai mil huit cent six, de parents chrétiens. J’ai été cultivatrice jusqu’au moment où M. Vianney me chargea, avec deux autres filles, de la direction de la Providence qu’il avait fondée ».
- Un enfant d’Ars
Catherine est donc née en 1806 à Ars, et a grandi dans le hameau du Tonneau. Elle est la troisième des neuf enfants d’Antoine Lassagne et de Claudine Sève. Elle a 12 ans quand le jeune abbé Vianney arrive à Ars, en février 1818 (il a 32 ans), et cette arrivée va marquer profondément sa vie. Catherine raconte : « Au commencement, ma mère n’avait jamais fini de m’habiller, de me peigner. Elle passait un temps infini à ma petite toilette. Mais il y avait à peine quelques semaines que M. Vianney était à Ars que tout fut bien modifié. En deux tours de main, j’étais équipée et l’on allait à l’église ». La vie de la famille Lassagne se trouve ainsi bouleversée ; Madame Lassagne, touchée par les enseignements et l’exemple de Monsieur Vianney, invite alors ses enfants à une vie de prière authentique.
Catherine avait fréquenté l’école d’Ars pendant les mois d’hivers, mais c’est surtout le travail à la ferme familiale qui l’occupait. Elle se prépara aussi, près de son nouveau curé, à la première communion. Elle le regardait avec timidité, surtout que beaucoup de bruits courraient déjà sur lui, ses longues heures à l’église, ses fortes pénitences, … « Un curé pas comme les autres » murmurait-on. Celui-ci avait pris l’habitude, à la fin des vêpres dominicales, de réunir dans son jardin quelques jeunes du village ; il leur racontait des vies de saints, ils priaient et échangeaient, ou mangeaient des groseilles… Catherine devint ainsi plus familière de son curé, et l’abbé Vianney discerna vite chez elle sa générosité et la qualité de son âme. Elle grandit donc à l’école de son curé, prêtre exigeant avec ceux dont il percevait l’ampleur du don auquel le Seigneur les destinait. Catherine néanmoins ne pouvait s’empêcher de trouver parfois rude la main qui la conduisait. « Elle eut, pendant près de dix ans, pour ce directeur autant de crainte que de vénération », a-t-on noté.
Le temps viendrait où la pénitente trouverait normale une semblable rigueur. Elle fut, malgré sa vertu, longue à s’y accoutumer. « Dans les dix premières années, elle priait Dieu d’éloigner d’Ars son serviteur, tellement sa direction lui semblait au-dessus de ses forces. Éprouvée de Dieu par les scrupules, sans consolation du côté de la terre, sans joie spirituelle au saint tribunal, Catherine était vraiment dans le creuset et, sans le savoir, s’élevait à la perfection », rapporte un témoin.
- L’appel du Saint Curé
Qu’allait devenir Catherine ? Dès son arrivée à Ars, Jean-Marie Vianney avait perçu les conditions déplorables dans lesquelles on y éduquait les garçons et les filles.
Il voulut y remédier en commençant par former des mamans, à l’image de ce qu’il avait reçu de la sienne : « La vertu passe si bien du cœur des mamans au cœur des enfants » remarquait-il. Son projet mûrit, et il décida d’ouvrir une maison pour accueillir les jeunes filles d’Ars et leur offrir une formation tant pratique, qu’humaine et spirituelle ; mais sur qui s’appuyer ? – Il pensa alors à Catherine.
Le Curé d’Ars s’en fut donc chez les Lassagne, - c’était à la fin de 1822 ou au début de 1823, - il trouva la maîtresse de maison :
— Mère Lassagne, il faut me donner Catherine, je la ferai un peu instruire, et elle apprendra aux autres ce qu’elle saura.
Et la mère, digne de l’enfant bénie qu’elle avait élevée, répondit avec générosité :
— Oh ! prenez-la, Monsieur le Curé !
Le départ de la jeune fille allait jeter le désarroi dans la famille, où elle rendait tant de services, surtout auprès de ses frères et soeurs. Les Lassagne pourtant obtempérèrent.
— Qu’allons nous faire sans Catherine ? se dirent les parents. Mais puisque M. le Curé en a besoin, nous ne pouvons pas la lui refuser.
Directrice de « La providence »
- École pour jeunes filles
Catherine, accompagnée d’une autre jeune fille d’Ars, Benoîte Lardet, partit donc “se former“ pendant une année chez des religieuses à quelques kilomètres d’Ars.
À l’automne 1824, la Maison de Providence ouvrit ; ce fut d’abord une école pour jeunes filles, puis très vite elle devint un orphelinat, qui accueillit jusqu’à quatre-vingts enfants.
Catherine allait en devenir la “directrice”, mais surtout l’âme pendant de nombreuses années. Elle était à la fois la maman des jeunes filles accueillies, la maîtresse qui enseignait, celle à qui l’on pouvait tout dire, qui avait un œil et un cœur bienveillants sur tout et sur tous, et qui travaillait toujours en pleine communion avec son curé.
La vie à la Maison de Providence tient parfois du miracle, on s’y sent plongé dans l’Évangile, tout abandonné à la volonté de Dieu ou à l’intercession de ses saints.
Les miracles ne manquent pas, mais la vie y est dure, tout spécialement pour les directrices qui doivent batailler pour nourrir les enfants ou subvenir à la bonne marche de la maison.
Sur les conseils de M. le Curé, Catherine et ses compagnes s’intéressent au développement de la personne toute entière, et donc tant au corps, qu’à la formation humaine et intellectuelle, ou qu’à l’âme ; Monsieur Vianney vient d’ailleurs faire tous les jours le catéchisme aux orphelines.
- La vie à La Providence
Dès cette période, Catherine fut aussi, à son corps défendant, la première biographe de son curé. En effet, dès 1839, sur les conseils d’un prêtre de passage, elle va noter régulièrement ce qu’elle voit de la vie à la Providence ou à Ars ; elle écrit ses impressions, les remarques ou événements de la vie de son curé, ce qu’elle pressent ou perçoit, le tout avec authenticité, honnêteté et fraîcheur. Ces notes vont devenir la première ébauche d’un petit “Mémoire sur Monsieur Vianney”, dont la troisième et dernière version sera prête en 1867, huit ans après la mort de son saint Curé.
Départ de La Providence
En 1848, sur demande de l’évêque, la maison de Providence est confiée aux soeurs de Saint Joseph. Catherine se retire, certainement dans la douleur mais aussi dans la paix, et vient habiter près de son curé. Elle ne s’occupera alors plus que de lui, de l’église ou des malades ; elle devint ainsi une présence priante et toute donnée près du saint Curé, surchargé par l’afflux des pèlerins ou les charges paroissiales. Elle sera près de lui au quotidien, recevant ou partageant ses confidences, portant ses fardeaux autant qu’elle le peut.
Mémoire d’Ars et première biographe
- Catherine Lassagne, « mémoire » d’Ars
Après la mort du curé d’Ars, en 1859, elle lui survivra plus de vingt-quatre ans, entourée de l’amitié et de la vénération de tous. Mgr Fourrey raconte que, de passage à Ars, Mgr de Langalerie, ancien évêque de Belley devenu archevêque d’Auch, « traduisait la pensée de tous dans un discours public, aux grandes fêtes du 4 août 1874.
Après avoir dit son bonheur de revoir le village béni, de visiter la pauvre chambre, de prier sur le tombeau de son ami, il ajouta : "Quelle joie aussi pour nous de voir cette bonne Catherine, relique vivante de notre cher Vénérable !” La veille, en effet, le prélat était entré chez Catherine : “Venez, ma fille, que nous parlions quelques instants de notre bon Saint !” Ils s’en étaient allés au jardin du Vénérable et là, dans un long entretien, ils avaient rappelé les détails de cette merveilleuse histoire, dont Ars avait été le théâtre et M. Vianney le héros ».
Elle va rester, humble et priante, au service de “son” église et des pèlerins. Puis, fatiguée et presque infirme, Catherine ne pourra demeurer seule en son logis. Sa plus jeune soeur vint s’installer auprès d’elle, mais il ne lui restait que peu de temps à vivre.
La notice anonyme, rédigée au lendemain de sa mort, le 13 octobre 1883, précise : « Depuis quelques mois, on remarquait avec inquiétude que ses forces diminuaient ; sa tête, ordinairement courbée, s’inclinait davantage. Elle-même parlait de sa fin sans crainte et sans inquiétude. Ainsi, mercredi dernier, 10 octobre, quand rien encore ne faisait pressentir un malheur, elle disait en souriant à l’une de ses parentes :
— Je suis prête…
— Quand le Bon Dieu voudra…
— Je ne tiens à rien ici-bas, ou je si suis attachée à quelque chose, je ne le connais pas”.
Jeudi, à dix heures du soir, elle se sentait prise d’un violent accès d’oppression.
L’abbé Toccanier et les Missionnaires d’Ars accoururent dès l’aube.
— “Qu’avez-vous, Mademoiselle Catherine ?
— Oh ! j’ai le mal de la mort, dit-elle doucement” ».
« Elle reçut les derniers sacrements et, pendant la journée, ne cessa de parler de son départ… Aussi, que de recommandations ne lui a-t-on pas faites ! Que de commissions ne lui a-t-on pas données pour le Curé d’Ars ! »
M. Toccanier avait des messages particulièrement pressants à transmettre à son glorieux prédécesseur. Il insistait pour que Catherine s’acquittât bien de l’office qu’il lui confiait.
— « Mais, remarqua-t-elle en souriant, je ne vais pas savoir comment m’y prendre là-haut… »
— « Bah ! répliqua l’abbé sur le même ton plaisant, vous regarderez autour de vous. Vous verrez comment les Saints s’y prennent et vous ferez comme eux… »
Le samedi 13, à quatre heures du matin, « on prévint les Missionnaires que l’agonie commençait ; ils accoururent pour lui faire les recommandations de l’âme. On remarqua que le regard de la mourante se levait peu à peu et se fixait sur un point dont les yeux ne se détachèrent plus. Qu’apercevait ce regard ? Peut-être l’exilée eut-elle une vision de la patrie. Peut-être le Curé d’Ars venait-il chercher son âme si digne d’entrer dans la joie de son Maître. Les anges seuls le savent. Mais ce regard dut embrasser une vision d’espérance, car l’agonie fut douce et le dernier soupir fut un souffle léger ».
Ainsi vécut et partit celle que Jean-Marie Vianney appelait : “la plus belle fleur de mon jardin”. Une vie toute simple et toute donnée, cachée mais au combien féconde, et pleine de réconfort pour celui qui allait devenir “le saint Curé d’Ars”.
Article extrait des Annales d’Ars n° 283 [mars-avril 2003].