Pèlerinage
à Notre-Dame de Bétharram
Le 5 juin 2021
à Notre-Dame de Bétharram
Le 5 juin 2021
Le centre spirituel Jésuite du sud-ouest Coteau Païs, nous invite à un pèlerinage à Bétharram, de 9h à 19h le samedi 5 juin 2021.
Une belle occasion pour recharger ses batteries après des mois de confinement et de prendre un grand bol d’air pur !
« À l’origine. Bétharram a une longue histoire… Au début du XVIe siècle, des bergers faisant paître leurs troupeaux sur les collines voient une lumière éclatante qui se situe sur la pointe des rochers où est maintenant bâtie la chapelle. « Ces jeunes enfants approchent de la lumière et y découvrent une image de la Vierge. Des foules accourent et décident d’aménager ce creux de rocher pour venir prier », dit la chronique. On choisit un endroit favorable, au-delà du gave, et on place la statue dans une niche, mais elle revient miraculeusement sur le rocher où elle avait été trouvée. On la porte alors à l’église de Lestelle, mais là aussi miracle, « les portes étant fermées, la statue revient encore sur le rocher de Bétharram, où l’ont fut contraint de bâtir une petite chapelle ».
Bétharram et les guerres de religion. Très vite, 50 ans plus tard, Bétharram présente un spectacle de désolation. La statue de la Vierge a disparu. De la petite chapelle, il ne reste que des murs calcinés. Comme tout le Béarn, l’endroit demeure pendant 30 ans sous dominations politique et religieuse des protestants. Les lieux marials sont les premiers à être détruits. En effet, depuis le Moyen Âge (et jusqu’à l’annexion de 1620 par Louis XIII), le Béarn est un territoire indépendant, qui a été rattaché à toute la Navarre. Or, à partir de 1545, les reines de Navarre Marguerite d’Angoulême puis sa fille Jeanne d’Albert font tout pour convertir leurs possessions à la Réforme. Le fils de Jeanne, Henri de Navarre, devient roi de France en 1589 sous le nom d’Henri IV, quatre ans avant de se convertir au catholicisme. Après l’édit de Nantes du 13 avril 1598 qui donne la liberté aux protestants de France, Henri IV compense par l’édit de Fontainebleau du 15 avril 1599 qui accorde la liberté religieuse aux catholiques du Béarn. Il autorise bien sûr le culte public dans le Béarn. Depuis la destruction de la chapelle, les catholiques n’avaient pas cessé de venir prier à Bétharram sur les ruines. Et bientôt l’autorisation de reconstruire la chapelle est donnée.
Le miracle de la croix. En 1615, une grande procession s’ébranle de Garaison pour venir à Bétharram où une foule de catholiques béarnais se trouve en prière pour célébrer le retour de l’Église catholique, qui a retrouvé tous ses droits en 1605 ! L’année suivante, c’est l’archevêque d’Auch qui décide de faire à son tour un grand pèlerinage. En tête de la procession, se trouve une « Vierge à l’enfant » en bois, datant du XIIIe siècle, que nous conservons précieusement à Bétharram. L’archevêque fait planter une croix au sommet de la colline qui surplombe la chapelle. Un signe posé pour affirmer la prise de possession de ce Béarn, redevenu ainsi comme la propriété de l’Église Catholique. Deux mois après ce pèlerinage, en septembre 1616, un miracle se produit. Cinq paysans de Montaut qui travaillent sur les coteaux, sont témoins d’un tourbillon d’une violence extrême qui se déchaîne sur Bétharram alors que c’est un jour serein d’automne. Ils voient la croix plantée par l’archevêque s’abattre sous la bourrasque, puis se relever d’elle-même, environnée d’une éclatante lumière.
Un lieu de pèlerinage florissant. Après ce miracle, la chapelle est rebâtie. Pour exalter le culte de la croix, un prêtre saint, l’abbé Hubert Charpentier,va dresser sur les pentes de la colline les stations du Calvaire. Il organise une communauté de prêtres, « les prêtres du calvaire », qui vont assurer la charge pastorale du pèlerinage à Bétharram. Le sanctuaire va être voué ainsi au culte des douleurs de la Mère et celles de son Fils. La Vierge s’appellera désormais « Notre-Dame du Calvaire », et elle sera invoquée ainsi jusqu’au XVIIIe siècle où elle va devenir « Notre-Dame du Beau Rameau ». Rappelé par ses supérieurs, c’est au mont Valérien à Paris qu’Hubert Charpentier bâtit aussi un calvaire ; il y meurt en 1650. Son cœur, suivant son désir, est porté à Bétharram ; il y est conservé dans le chœur du sanctuaire de Notre-Dame. De nombreux miracles et guérisons sont obtenus, comme nous le rappellent encore aujourd’hui les panneaux de la tribune de l’orgue. Au XVIIe siècle, le pèlerinage de Bétharram compte parmi les plus célèbres de France. « C’est un lieu de grande dévotion, dit saint Vincent de Paul, et si ce n’est le second, c’est au moins le troisième le plus fréquenté du royaume. C’est Notre-Dame de Bétharram, où il se fait souvent des miracles. » L’importance de ce pèlerinage est bien prouvée par la construction d’un pont de pierre. Jusqu’alors, quelques poutres en bois jetées de chaque côté du gave permettaient la traversée. Devant l’afflux des pèlerins, il est décidé de bâtir un pont de pierre qui est achevé en 1687, comme l’atteste l’inscription gravée sur la pierre bien lisible aujourd’hui : « Au nom de Dieu, Sainte Marie, prie pour nous. Ce pont a été bâti par Daniel, baron de Lescar, maître ingénieur. »
Bétharram et la Révolution française. Au XVIIIe siècle, les chapelains gardent vive la dévotion des pèlerins qui accourent en grand nombre. C’est alors que se fait jour et va se répandre l’action de la Vierge Marie à travers le beau rameau. Bien sûr à Bétharram il n’y a pas eu d’apparition, comme à Lourdes ou Fatima, mais Marie y est invoquée comme celle qui tend le rameau sauveur à tous les éprouvés et blessés de la vie. Elle est toujours présente auprès de ses enfants qui risquent d’être emportés par les torrents de la vie.Mais la Révolution française vint interrompre les pèlerinages et déporte les desservants du sanctuaire. Les stations du calvaire sont détruites en 1794 par les sans-culottes. La chapelle et le couvent sont préservés, grâce à la résistance des habitants conduits par le maire, mais vendus avec « interdiction absolue de se regrouper sous prétexte de dévotion ».
Renaissance de Bétharram avec saint Michel Garicoïts. Vingt ans après, le diocèse reprend tout l’ensemble, et un grand séminaire y est établi. L’arrivée à Bétharram en 1826 d’un jeune prêtre basque, l’abbé Michel Garicoïts (1797-1863), ordonné en 1823, est providentielle, notamment pour le pèlerinage. Il met tout son zèle apostolique à l’animation pastorale du sanctuaire. De grands travaux de réparation sont entrepris : la voûte est refaite en 1836, puis la réfection du calvaire mobilise énergies et finances. L’œuvre est confiée à un sculpteur de talent, Alexandre Renoir, qui travaille sans relâche pendant cinq ans pour doter les stations de huit bas-reliefs qui sont aujourd’hui très appréciés. Avant de quitter les lieux en 1845, à cause du manque de finances, l’artiste orne le maître-autel du sanctuaire d’une statue de Notre-Dame, dont il cherche l’idée dans la légende du « betarram » (beau rameau). La Sainte Vierge est assise et regarde avec une tendresse maternelle l’aimable Fils qu’elle tient sur ses genoux. Elle le prie de tendre un rameau sauveur à la jeune fille qui se noie dans le gave. Jésus se penche, avec une grâce divine, pour indiquer à la pauvre fille la branche du Salut qui est représentée sur le socle, au pied de Marie. En 1835, Michel Garicoïts devient le fondateur, au pied du Calvaire, de la congrégation religieuse du « Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram » (SCJ). Il s’agit au départ d’une petite société de vie consacrée destinée à « l’éducation intellectuelle, morale et religieuse » des environs et des pèlerins venus à Bétharram. Malgré les difficultés initiales (« Que l’enfantement d’une congrégation est une chose laborieuse ! », se plaint le Père Garicoïts), l’œuvre connaît un succès tel qu’elle dépasse rapidement le diocèse, pour accompagner les migrants basques et béarnais en Argentine et en Uruguay en 1856. La congrégation est reconnue par Rome en 1875 sur l’intervention de Sœur Marie de Jésus Crucifié, carmélite palestinienne de Pau. Dans le prolongement du sanctuaire de Notre-Dame, se trouve le sanctuaire de Saint-Michel Garicoïts, depuis 1923, date de sa béatification. Il a été canonisé le 6 juillet 1947, le même jour que sainte Élisabeth Bichier des Âges (1773-1838), fondatrice des Filles de la Croix, qui lui avait permis de découvrir le chemin de la vie religieuse à Igon, à 3 km de Bétharram. L’endroit a donc cette particularité d’abriter deux sanctuaires au pied de la colline du Calvaire.
Bétharram et Lourdes. Beaucoup s’interrogent : pourquoi deux sanctuaires à Marie, au pied des Pyrénées, à quelques kilomètres de Lourdes, sur la même rive du gave ? Bétharram est lieu de pèlerinage 300 ans avant Lourdes. Bernadette y est venue plusieurs fois, elle y a d’ailleurs acheté le chapelet qui lui servit lors des apparitions. Notre saint fondateur, Michel Garicoïts, est l’un des premiers à reconnaître l’authenticité des apparitions de Lourdes. Mgr Laurence, évêque de Tarbes, lui envoie Bernadette pour un discernement. Sans hésiter, le Père Garicoïts reconnaît la sincérité de Bernadette ; et malgré le climat général de défiance du clergé, il adopte une position ferme : « Que Dieu est bon ! Comme il comble de grâces notre pays ! » Il encourage même les communautés de sa congrégation à envoyer une participation financière pour la construction de la chapelle de Lourdes (il recommande cela aussi à la communauté de Buenos-Aires, en Argentine. Et à ses confrères qui lui présentent l’inconvénient de la proximité de Lourdes, Michel Garicoïts répond : « Peu importe, Bétharram ou Lourdes, pourvu que la Vierge soit honorée. » Il a même l’intuition que, grâce à Lourdes, Bétharram va connaître un regain. Et cela se vérifie actuellement avec l’accueil de pèlerins venant d’Asie, d’Afrique et d’Amérique… grâce à Lourdes ! C’est au pied de la croix de son Fils que Marie exprime merveilleusement cette inspiration que notre fondateur a trouvée en Marie, « toujours disposée à tout ce que Dieu voudrait et toujours soumise à tout ce que Dieu faisait ». Nous recueillons précieusement cette contemplation de Marie qu’il nous propose : « La mère de Jésus était debout au pied de la croix ! Une telle Mère… Mère d’un tel Fils… debout, non découragée ; au contraire courageuse, soumise, contente d’être là au pied de la croix à laquelle est si cruellement attaché son Fils bien-aimé ; là, dans l’obscurité de la nuit, quoiqu’en plein jour… »
À Bétharram, Marie est Notre-Dame du Calvaire, remplie de courage, toute disposée à continuer la mission de son Fils Jésus auprès de tous les blessés de la vie. Elle n’invite pas à la résignation ; elle appelle à la responsabilité et à garder nos cœurs toujours ouverts envers tous les souffrants de la vie. Le Salut que son Fils apporte au monde, aux petits et pauvres en particulier, réclame notre engagement. »
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