Pèlerinage à Notre-Dame de Fourvière
à Lyon
pour la Fête de l’Assomption de la Très Sainte Vierge Marie
Les 14 et 15 août 2017
à Lyon
pour la Fête de l’Assomption de la Très Sainte Vierge Marie
Les 14 et 15 août 2017
« À l’occasion de la fête de l’Assomption, nous vous invitons à vivre ensemble la grande procession aux flambeaux qui aura lieu le lundi 14 août à 20h30. Elle partira de la grande allée face à la statue du Sacré-Cœur dans les jardins du Rosaire et remontera jusqu’à la basilique.
Vous êtes également conviés à assister à la bénédiction de Notre-Dame d’Afrique.
En effet, la crypte de la Basilique témoigne des « voyages » de Marie dans les différents continents et pays du monde. Après la Vierge impératrice des Amériques - Notre-Dame de Guadalupe - en 2015 et Notre-Dame de la Miséricorde de Chine - en 2016, la crypte accueillera la statue de Notre-Dame d’Afrique, provenant de la basilique éponyme d’Alger. Elle sera installée lors de la vigile de l’Assomption au terme de la procession mariale. »
Lundi 14 août 2017
– 17h30 : Messe anticipée de la Solennité.
– 20h30 : Procession aux flambeaux présidée par Mgr Patrick Le Gal, évêque auxiliaire de Lyon, départ des jardins du Rosaires.
– Bénédiction de N-D d’Afrique à la crypte.
Mardi 15 août 2017
– Messes du jour à 7h30, 9h30, 11h et 17h30.
– 16h45 : Vêpres solennelles.
« Notre Dame d’Afrique nous est chère, à nous Pères Blancs et Sœurs Blanches, à plus d’un titre. Le sujet de cet article intéressera certainement les membres des deux Sociétés missionnaires fondées par le cardinal Lavigerie, placées depuis leur origine sous la protection de Marie Immaculée, Reine de l’Afrique. C’est grâce aux recherches assidues du Père Cazaunau, un ancien de la paroisse de N.D. d’Afrique, au sujet des origines de la statue, et aux informations du Père Cougoulat, membre de la communauté actuelle de ce poste, concernant les diverses « prises d’habit » de la Vierge, que cet article a pu voir le jour. Qu’ils en soient, ici, remerciés.
Né à Chaumont en 1698, décédé à Paris en 1762, Edme Bouchardon fut un de ces statuaires de l’école française qui conservèrent pendant le XVIIIe siècle le grand style des artistes du siècle de Louis XIV.
Pensionnaire de l’Académie de St-Luc à Rome en 1722, il y exécuta plusieurs œuvres, entres autres les bustes de Clément XII et des cardinaux de Polignac et de Rohan. Rappelé à Paris par Louis XV en 1732, nommé sculpteur du roi, il fut chargé de multiples travaux pour Grosbois, Versailles et autres parcs, places et résidences. Ses ouvrages capitaux étaient nombreux, mais le marteau des révolutionnaires ne les a pas tous respectés : les Droits de l’Homme existaient bien sur le papier, mais non dans la pratique… De nos jours, on peut encore contempler son admirable fontaine des Quatre Saisons de la rue de Grenelle à Paris. Voltaire lui a donné une place de choix dans son Temple du Goût (1733).
A St-Sulpice, il exécuta plusieurs sculptures : le Christ, la Vierge et huit apôtres. Ce qui nous intéresse ici, c’est cette statue de Marie, ladite Vierge de Bouchardon. Que penser de celle-ci ?
Nous ne pouvons plus, hélas, en juger que par une estampe gravée par Sornique vers 1744. Elle a pour titre :« La Sainte Vierge, exécutée en argent, d’après le modèle d’Ed. Bouchardon, sculpteur du Roy…, par G. Chevallier. » Dans le Bulletin paroissial de St-Sulpice, du 25 août 1912, nous lisons :« Cette gravure nous donne l’idée la plus favorable de l’œuvre de Bouchardon (…) Elle a été reproduite (…) bien souvent et popularisée à l’infini par la Médaille miraculeuse… » (René Laurentin, Vie authentique de Catherine Labouré (1981).
Une centaine d’années plus tard, la carrière du « Prince des diplomates » ou du « Diable boiteux », le Prince de Talleyrand-Périgord, évêque défroqué, que le Dictionnaire des Girouettes plaçait en tête de ceux qui avait su tourner avec le vent depuis la Révolution française de 1789, était au bout de son rouleau. Mgr de Quelen, archevêque de Paris, ne cessait de prier pour la conversion de Talleyrand. Ce dernier, au fond, ne nourrissait aucune haine contre l’Eglise : ordonné prêtre sans vocation, la Révolution lui avait permis de trouver une position sociale conforme à ses ambitions.
Mgr de Quelen avait promis à N.D. de la Délivrande (Calvados) - son pèlerinage de prédilection - d’offrir à ce couvent une statue de la Vierge, s’il obtenait cette conversion. Sa prière fut exaucée. L’instrument de cette réconciliation, M. l’abbé Dupanloup, Supérieur du Séminaire de St-Nicolas du Chardonnet (Le jeune Lavigerie y entrera en 1841), raconte à M. Michel, son ami et proviseur de l’Ecole Normale de Paris, « toutes les diverses circonstances de ses rapports avec M. Talleyrand et de la mort édifiante de ce grand personnage. »
Mgr de Quelen commanda donc une statue sur le modèle de la « Vierge de Bouchardon ». « Cette statue, de 3 à 4 pieds de haut, est en bronze (…) Sur le devant (…) se trouve l’inscription Virgo Fidelis. » Elle fut inaugurée le 8 septembre 1838 à la Délivrande. Elle s’y trouve encore de nos jours.
De retour à l’archevêché, Mgr de Quelen ordonna une deuxième statue semblable qu’il fit ériger dans la cour d’entrée du couvent des Dames du Sacré-Cœur, rue de Varenne à Paris, en reconnaissance de l’hospitalité qu’il y avait reçue lors de son expulsion de l’archevêché en 1830. C’est là qu’il mourut le 31 décembre 1839. (Cette deuxième statue ne se trouve plus à Paris. Au moment des Décrets d’expulsion contre les Congrégations religieuses, elle fut transportée à Jette, un faubourg de Bruxelles, où elle se trouve encore aujourd’hui).
Un mois plus tard, le 5 février 1840, Mgr Dupuch, depuis 1838 premier évêque d’Alger (Le 8 août 1838 est en fait la date du rétablissement de ce siège qui avait été fondé au IIe siècle, sous le nom d’Icosium), se rendait en France pour trouver des prêtres et des ressources pour son jeune diocèse. Sur son programme, la visite des maisons des Dames du Sacré-Coeur de France et de Belgique. Ancien aumônier des Dames du Sacré-Coeur de Bordeaux, il connaissait leur générosité. Le 12 Mars, il était à Lyon où il présida une assemblée générale et extraordinaire des Enfants de Marie du Sacré-Coeur de la Ferrandière (En juillet 1907, les Dames du Sacré-Cœur furent expulsées et prirent le chemin de l’exil. La propriété fut divisée en lots. En 1937, les Pères Blancs purent acheter le lot qui comprenait la chapelle et en firent leur procure (Villeurbanne)..
Mgr Dupuch célébra la messe et « nous donna sur les missions d’Algérie les détails les plus intéressants (…) La Congrégation lui fit la promesse d’une statue de la sainte Vierge (…) et Monseigneur fut chargé de la commander lui-même à Paris où il se rend. »
Arrivé dans la capitale, au milieu d’occupations nombreuses, Mgr Dupuch fait une visite aux Dames du Sacré-Cœur de la rue de Varenne. Il y voit la statue de la Virgo Fidelis - la deuxième copie de la Vierge de Bouchardon - celle que Mgr de Quélen avait offerte aux religieuses de ce couvent un an plus tôt. Aussitôt il est conquis. Une copie en est faite rapidement, grâce au moule qui existait encore, et, le 5 mai, à Lyon, elle lui est offerte par les Enfants de Marie de la Ferrandière : C’est la statue qu’on appellera plus tard Notre-Dame d’Afrique. (En 1856, Mgr Pavy constituait une commission pour trouver les ressources nécessaires à la construction de la chapelle provisoire, et pour arrêter le vocable sous lequel on désignerait la statue et le pèlerinage à la vénération publique. Plusieurs noms furent avancés. Finalement c’est celui de Notre Dame d’Afrique qui fut accepté à l’unanimité.)
La suite est bien connue. La statue fut d’abord placée sur la terrasse de l’évêché, puis, en 1843, prêtée aux Trappistes de Staouéli qui l’installèrent au-dessus de la porte de leur monastère avec cette inscription : « Ils m’ont choisie pour gardienne ».
En 1846, Mgr Pavy, originaire du diocèse de Lyon, succédait à Mgr Dupuch. Le nouvel évêque ignorait alors tout de l’odyssée de la « Virgo Fidelis ». Une lettre du 21 mars 1855 vint l’en instruire. Les Dames du Sacré-Cœur de Lyon, ayant appris que l’évêque d’Alger se proposait d’élever un sanctuaire à Marie, lui dirent combien elles seraient heureuses d’y voir honorée la Vierge offerte à son prédécesseur.
Renseignements pris, Mgr Pavy se rendit aussitôt à la Trappe pour y réclamer la statue. Les Pères répondirent à l’évêque que la statue lui appartenait en effet, mais qu’ils ne feraient pas à leur Mère l’injure de la descendre eux-mêmes de la place où ils l’avaient mise. Mgr Pavy se chargea donc de l’opération et dès le lendemain la statue partait pour Notre Dame du Ravin (Petite chapelle fondée par les deux Demoiselles de N.D. de Fourvières, Agarithe et Anna, qui avaient consacré leur vie au diocèse d’Alger).
Le 20 septembre 1857, la « Virgo Fidelis », désormais Notre Dame d’Afrique, était installée dans la chapelle provisoire, à côté de ce qui sera la Basilique de Notre Dame d’Afrique, dont les travaux commencèrent le 2 février 1858.
Le 14 novembre 1866, Mgr Pavy mourait. Son successeur, Mgr Lavigerie, paracheva la construction de l’église, qui fut consacrée par lui le 2 juillet 1872. Le 4 mai de l’année suivante, il installait la statue de Notre Dame d’Afrique dans le nouveau sanctuaire.
Quelques années plus tard, Mgr Lavigerie demanda à Pie IX la faveur du couronnement pour la statue de Notre Dame d’Afrique. Le 30 avril 1876, après la lecture des deux Brefs Pontificaux, un diadème précieux était posé sur la tête de la Vierge. A partir de ce jour, l’église de Notre-Dame d’Afrique devenait Basilique.
Le 8 août 1885, une dame de Blida offre de faire confectionner à ses frais une robe pour la sainte Vierge. Les Pères acceptent avec reconnaissance et prient.- la bienfaitrice de s’adresser aux Carmélites pour l’accomplissement de son pieux dessein. C’est le diaire de Notre Dame d’Afrique qui nous en informe. Ce même diaire, à la date du 19 décembre, rapporte qu’une « souscription, pour l’achat d’une robe à la sainte Vierge, est ouverte… » Sans doute pour compléter le don de la première bienfaitrice. Toujours est-il que le diaire déclare le 29 avril 1886 que « le nombre des ex-voto déposés à la sacristie de Notre Dame d’Afrique, a été de 22 pendant le mois d’avril, sans compter la riche robe de la Vierge, brodée par les Carmélites de la cité Bugeaud, et due aux souscriptions de nombreux fidèles. » D’après une photo, en noir et blanc, publiée en 1914 cette robe était très claire, parsemée de motifs brodés, hexagonaux, semblables à des flocons de neige, de la taille environ de la paume d’une grande main. Au centre, à la hauteur de la poitrine, un cœur, brodé lui aussi.
En 1925, Sœur Marie Claver (Odette Grandin de l’Eprevier), s.b., nièce de Mère Marie Claver, confectionna une nouvelle robe. On ne parle pas explicitement de manteau. (Dirigée du Cardinal Lavigerie. Elle devient Assistante des Sœurs Blanches et mourut à Mpala (Zaïre) en 1905. L’importante correspondance entre elle et le Cardinal est très intéressante pour celui qui désire mieux cerner la spiritualité de notre Fondateur.)
En 1950, Sœur Emmeran (Yvonne Menjou-Marcat), des Franciscaines Missionnaires de Marie, brodait une nouvelle robe et un manteau. Elle introduisit dans l’épaisseur des roses d’or les noms des Sœurs de sa communauté. C’est le jour de la fête de Notre Dame d’Afrique (30 avril), que la statue fut revêtue de son nouveau costume. L’étoffe, les fils d’or, etc. furent payés par souscription auprès de la Ligue Féminine d’Action Catholique.
En 1956, M. Deckers fait un portrait à l’huile de la statue, à la demande du Père Cazaunau, qui l’offrit à Mgr Durrieu pour la chapelle de la maison généralice. Des images et des cartes postales, toujours en cours, ont été tirées de ce tableau.)
Nouvelle « prise d’habit » le 7 décembre 1985, en présence du cardinal Duval, réalisée par le Frère Roméo Lamoureux qui fêtait les 50 ans de son premier serment, et ne se doutait pas alors qu’un accident banal, six mois plus tard, devait l’amener à achever au Ciel, auprès de Marie, ces années d’extraordinaire dévouement. (PETIT ECHO, 1987/2, pp. 133-140.)
Les tissus avaient été offerts par des bienfaiteurs, dont la cousine d’un Père Blanc, dont je dois taire le nom. Grâce au don très généreux d’un anonyme, le travail put être confié à un maître brodeur tlemcennien.
Je termine en citant Sœur Germaine Marie (Marguerite Laporte), des Sœurs Blanches :« La broderie fut exécutée selon la technique traditionnelle du »Medjdoub« , également pratiquée en France sous le nom de »guipé« (…) Les motifs, depuis les plus importants jusqu’aux tiges les plus fines, sont découpés dans un cuir léger par le maître brodeur qui les dispose et les colle sur le velours avant de les livrer aux brodeuses. Celles-ci les recouvrent de fils d’or qui ne traversent pas le tissu, mais que, de l’envers, un fil de lin vient tirer et fixer d’un bord à l’autre du cuir. D’où le nom de »Medjdoub« qui vient du verbe arabe »tirer« . Plusieurs Sœurs Blanches ont collaboré à la préparation, au suivi et au montage de ce travail qui a duré trois mois. Ainsi ornée du beau travail d’un artisan du pays, la Vierge bénit le peuple qui la vénère, du haut de son podium de céramiques dues, elles aussi, à un artiste algérien. »
La bénédiction de Notre Dame d’Afrique, nous en sommes persuadés, s’étend également à toute l’Afrique et à toutes celles et à tous ceux qui, bien qu’appartenant à une multitude de communautés, forment pourtant, tous ensemble, une seule et grande famille, remplissent la fonction qui leur est assignée et apportent leur part à l’œuvre commune en faveur de l’Afrique. »
René Xavier LAMEY Archiviste des Pères Blancs (+1993)
Note : Le baldaquin au-dessus de la statue a été supprimé lorsqu’il était sur le point de s’écrouler, mangé par la rouille, les vers et l’humidité. Il était en plâtre, en bois et avec une légère fixation en fer. Il a été enlevé en 2007 avant qu’une catastrophe n’entraîne dans sa chute la statue de Notre-Dame d’Afrique. La décision fut prise avec l’architecte, l’archevêque et les confrères de ND. d’Afrique. Depuis, il s’avère que l’inscription « Notre-Dame d’Afrique, priez pour nous et pour les musulmans » est lisible de partout. Le baldaquin la cachait un grande partie.