Le Chemin de Saint Colomban
Luxeuil, haut-lieu de spiritualité monastique
Luxeuil, haut-lieu de spiritualité monastique
Saint Colomban (vers 540-615), moine irlandais venu évangéliser le territoire de la France actuelle, celui de la Germanie, de la Suisse et de l’Italie du Nord, où il acheva sa vie terrestre, fut un grand saint, un grand évangélisateur et fondateur de monastères. Les monastères d’Annegray, de Fontaine puis surtout celui de Luxeuil (Haute-Saône) rayonnèrent dans toute l’Europe chrétienne.
La règle monastique de saint Colomban, fondée sur l’ascèse, la pénitence et le détachement des biens terrestres connut une large diffusion, avant d’être supplantée par celle de saint Benoît. Sa spiritualité influença de nombreux saints de son époque. . Le pape Benoît XVI rappela qu’iI introduisit notamment « sur le continent la confession personnelle et régulière, ainsi que la pénitence proportionnée à la gravité du péché commis ».
Fervent adepte de la peregrinatio pro Deo, il sillonna une grande partie de la Neustrie (la France actuelle au nord de la Loire), passant également en Germanie, Suisse et Italie du Nord, pour évangéliser les populations. Les associations des amis de saint Colomban s’attachent à faire connaître ce grand évangélisateur de l’Europe, alors redevenue païenne après les grandes invasions germaniques.
Le chemin de saint Colomban est ainsi redécouvert, chemin de pèlerinages et de mémoire, marqué par de grandes étapes de ses fondations monastiques, telles Luxeuil et Bobbio. Ainsi, à la suite du 14e centenaire de la pérégrination européenne de saint Colomban de 610 à 613, découvrons ou redécouvrons le Chemin de saint Colomban.
« Né (vers 540) dans le comté de Leinster en Irlande, formé à la vie cénobitique principalement dans le monastère récemment fondé de Bangor (banlieue actuelle de Belfast), Colomban, bien que doté d’une formation classique, est définitivement imprégné de la culture et de la spiritualité gaéliques de son île, que les Romains eux-mêmes ne parvinrent jamais à conquérir.
De là viennent assurément son attachement viscéral à la peregrinatio pro Christo, à l’alternance des périodes de vie cénobitique et érémitique, à l’importance du travail manuel, de l’ascèse et de la pénitence, mais aussi son indépendance envers l’épiscopat et sa fidélité indéfectible à la date de Pâques insulaire, voire à la forme de la tonsure monastique !Le succès rapide de sa mission évangélique sur le continent, commencée dans les années 580 avec une douzaine de moines irlandais, manifeste une certaine aptitude à l’acculturation (que démontre sa maîtrise de la langue latine), mais témoigne aussi de réelles qualités humaines et spirituelles qui transparaissent dans la vie fraternelle de la communauté, dans le talent oratoire de son abbé mais aussi dans le souci permanent d’accueillir ceux qui, riches ou pauvres, sont à la recherche de soins médicaux ou de nourriture, de travail ou de protection, d’instruction ou du sens de leur vie.
Moine et prophète, solitaire ou prédicateur, Colomban ne craint pas les conflits lorsque sa conception de l’exigence évangélique est mise en cause : rejetant toute « langue de bois », il se heurte alors durement aux dirigeants religieux et politiques de la Gaule, particulièrement au roi Thierry de Bourgogne et à sa grand-mère, la reine Brunehaut. Condamnés à l’exil en 610, Colomban et ses vieux compagnons irlandais entreprennent alors un périple de plus de deux années à travers les pays actuels que sont la France (traversée de Luxeuil à Nantes puis de Nantes à Metz), l’Allemagne, la Suisse, l’Autriche et l’Italie, lieu de la dernière fondation, Bobbio, où Colomban achève son pèlerinage terrestre en 615. »
Philippe Kahn, historien, vice-président de l’association des Amis de St Colomban
Vers 580, il quitta l’Irlande en compagnie du futur saint Gall et parcourut l’Europe Occidentale, entre Meuse et Rhin et jusqu’en Germanie, accepté, refusé, repoussé, mais toujours fondateur d’abbayes dont le rayonnement sera l’un des éléments les plus dynamiques de l’évangélisation durant l’ère mérovingienne. Il menait la vie dure à ses moines par une règle austère, mais grâce à cela bien des saints y ont trouvé le chemin de leur sainteté : saint Donat de Besançon, saint Faron de Meaux, saint Babolin de l’abbaye de Saint Maur des Fossés près de Paris, saint Omer de Thérouanne, saint Desle de Lure, saint Romaric de Remiremont, saint Wandrille, saint Achaire, saint Amand, saint Philibert, saint Valéry, etc… Le plus célèbre de ses monastères est sans aucun doute celui de Luxeuil dans la Franche-Comté où affluèrent des moines francs, gaulois et burgondes. Un monastère qui, pendant deux siècles, fut le plus grand centre de la vie monastique en Occident. En 610, il dut fuir la Gaule où la cruelle reine Brunehaut le poursuivait parce qu’il lui reprochait ses vices et ses crimes. Il avait envisagé de retourner en Irlande et, pour cette raison, nous le trouvons à Nantes. Obligé de revenir sur ses pas, il traverse les Alpes et se réfugia à Bobbio en Emilie-Romagne où il fonda son dernier monastère. Il y mourut. La règle monastique originale qu’il avait donnée à ses monastères fut très influente dans l’Europe pendant deux siècles.
Plusieurs localités se sont placées sous son patronage : Saint-Colomban-des-Villards-73130, Saint Colomban-44310. Un internaute nous signale : Saint Coulomb (35) tire son nom de Colomban.
Aux racines chrétiennes de l’Europe
Lors de l’audience générale du 11 juin 2008, Benoît XVI a dressé un portrait de saint Colomban, le célèbre moine irlandais du VI siècle qui « peut être considéré comme un saint européen ». Né dans le Leinster en 543, il entra vers ses 20 ans au monastère de Bangor. La vie monastique qu’il y suivit et l’exemple de l’abbé Comgall forgèrent la conception du monachisme qu’il fixa et diffusa plus tard.
Puis le Pape a rappelé qu’à l’âge de 50 ans environ Colomban quitta l’Irlande « pour entreprendre avec douze compagnons une mission sur le continent, où les grandes migrations germaniques avaient fait retomber des régions entières dans le paganisme ». Leur re-évangélisation était basée sur l’exemple de vie, « nombre de jeunes demandèrent à entrer dans la communauté, rendant nécessaire la constitution d’un second monastère » à Luxeuil, qui devint centre monastique et missionnaire de tradition irlandaise en Europe. Bientôt fut fondée une troisième maison, à Fontaine, tandis que saint Colomban allait vivre une vingtaine d’années à Luxeuil. Il y rédigea sa Regula Monachorum, la seule des anciennes règles irlandaises parvenue jusqu’à nous, a précisé le Saint-Père. Il introduisit notamment « sur le continent la confession personnelle et régulière, ainsi que la pénitence proportionnée à la gravité du péché commis ».
« A cause de sa sévérité sur les questions morales, il entra en conflit avec la famille royale, ayant vivement admonesté le roi Thierry pour ses relations adultérines… En 610 il fut expulsé de Luxeuil avec ses moines irlandais, condamnés définitivement à l’exil ». Rapatriés par mer, leur bateau échoua près du rivage« et, plutôt que de rentrer à Luxeuil, le groupe »décida d’entreprendre une nouvelle aventure d’évangélisation« d’abord à Tuggen, sur le lac de Zurich, puis près de Bregenz, sur le lac de Constance, en vue d’évangéliser les Alamans. Ayant ensuite passé les Alpes, Colomban fut favorablement accueilli par la cour lombarde. »Il dut immédiatement faire face à de graves difficultés. La vie de l’Eglise était empoisonnée par l’arianisme dominant chez les lombards, et un schisme avait détaché de la communion avec l’Evêque de Rome la plus grande partie de l’Eglise d’Italie du nord« . Le saint irlandais »rédigea alors un libelle contre cette hérésie et une lettre au Pape Boniface IV l’encourageant à œuvrer activement au rétablissement de l’unité ecclésiale".
Colomban fonda à Bobbio un nouveau monastère qui devint un centre culturel comparable au Mont Cassin de saint Benoît de Nursie. Il y acheva sa vie le 23 novembre 615, qui est sa fête liturgique jusqu’à nos jours. Le message de Colomban, a souligné Benoît XVI, « se résume dans un vif appel à la conversion et au détachement des biens terrestres en vue de l’héritage éternel. Par sa vie d’ascèse et son engagement total contre la corruption des puissants, il rappelle la sévère figure du Baptiste. Mais cette austérité…est surtout le moyen de s’ouvrir librement à l’amour de Dieu, de répondre de tout son être aux dons reçus en reflétant en soi l’image de Dieu, tout en travaillant la terre et en réformant la société ».
Le Saint-Père a conclu en rappelant combien saint Colomban fut « un homme de grande culture, riche de grâces, un formidable constructeur de monastères et un vif prêcheur de la pénitence. Il mit toutes ses énergies dans l’alimentation des racines chrétiennes de l’Europe naissante. Par son énergie spirituelle et sa foi, avec son amour de Dieu et du prochain, il est devenu l’un des Pères de l’Europe qui continue de nous montrer ce que sont les racines d’où le continent peut renaître ». Source : VIS 080611 (600)
A lire aussi : Saint Colomban (Colombanus) (vers 540 – 615) Moine Irlandais, fondateur des monastères d’Annegray, Luxeuil, Fontaine (Haute-Saône), Bobbio (Province de Piacenza – Italie) - Rédacteur d’une règle monastique. (amis de saint Colomban)
Moine de Bangor en Irlande sous l’abbé saint Comgal, il se fit pèlerin pour le Christ et chercha à former à l’école de l’Évangile les peuples de la Gaule. Il fonda, parmi beaucoup d’autres, le monastère de Luxeuil, qu’il gouverna lui-même sous une règle sévère. Forcé à l’exil, il franchit les Alpes et fonda en Emilie le monastère de Bobbio, célèbre par sa discipline et ses études, et c’est là qu’il mourut en paix, l’an 615, ayant bien mérité de l’Église. »
Martyrologe romain
« L’association des Amis de saint Colomban œuvre depuis1948, dans le cadre du bénévolat, à la sauvegarde et la valorisation du patrimoine colombanien. Elle a en charge l’entretien, l’embellissement et la promotion des sites colombaniens : la butte d’Annegray et la grotte de saint Colomban à Sainte-Marie-en-Chanois (sites dont elle est propriétaire) et l’ermitage de saint Valbert (propriété du diocèse de Besançon).
Son action culturelle est valorisée, chaque année à Luxeuil, avec les Tables rondes européennes du patrimoine colombanien, mais aussi par sa participation à diverses activités, en France et en Europe, liées au monachisme luxovien et à l’œuvre de saint Colomban.
L’association veille aussi à préserver et faire connaître l’héritage spirituel et historique de saint Colomban et de ses successeurs. »
Association des Amis de Saint Colomban
12 rue Saint Colomban
70300 Luxeuil
cheminstcolomban@bbox.fr
Seigneur Dieu, déracinez, extirpez de mon âme tout ce que l’adversaire y a planté,
enlevez de mon cœur et de mes lèvres toute iniquité,
donnez-moi l’habitude du bien afin que, en œuvre et en vérité,
je vous serve, vous seul,
je sache accomplir les préceptes du Christ et vous chercher, ô mon Dieu !
Accordez-moi la mémoire, la charité, la foi,
Seigneur, opérez en moi le bien et donnez-moi ce que vous jugez m’être utile. »
Carte, site source : les amis de saint Colomban