Pèlerinage à la sainte Coiffe
à Cahors
Avec l’Institut du Christ-Roi (Toulouse)
Le 28 septembre 2019
à Cahors
Avec l’Institut du Christ-Roi (Toulouse)
Le 28 septembre 2019
« Après 56 ans d’éclipse de la tradition de huit siècles, Monseigneur Camiade, évêque de Cahors, renoue avec la vénération publique de la sainte Coiffe pour la Pentecôte 2016.
Le dimanche 14 avril 2019 a eu lieu l’ouverture solennelle de l’ostension de la Sainte Coiffe, présidée par Mgr Laurent Camiade, évêque de Cahors, dans la cathédrale St Etienne. Au cours de la messe, l’insigne relique a été dévoilée en présence des nombreux fidèles et pèlerins venus y participer. Cette cérémonie a été suivie de la lecture d’une bénédiction du Pape reçue spécialement pour cette journée. »
10h30 parcours du jubilé avec guide
12h15 : Messe
13h30 déjeuner tiré du sac
« Simon-Pierre entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire (soudarion, en hébreu pathil) qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. » (Jean, 20, 6-7)
La Sainte Coiffe de Cahors est vénérée depuis des siècles comme l’un des linges mortuaires de Jésus. À cette époque, « la manière juive d’ensevelir les morts » (Jean 19, 40) était de leur couvrir la tête avec une coiffe prolongée de rubans noués sous le menton pour tenir la bouche fermée.
L’évangéliste nous dit qu’en voyant la position des linges, le disciple que Jésus aimait « vit et il crut » (Jean, 20, 8)
Ainsi la Sainte Coiffe nous rappelle la première expérience apostolique de Foi en la résurrection de Jésus, celle que vécut saint Jean devant l’absence du corps de Jésus qu’il avait lui-même mis au tombeau.
Elle dispose et invite le cœur de celui qui vient vénérer cette insigne relique à entrer dans la même expérience de Foi.
Le recteur de la Cathédrale
Programme :
10h30 parcours du jubilé avec guide, 12h15 : Messe, 13h30 déjeuner tiré du sac.
Une relique insigne du Christ au Tombeau : la sainte Coiffe de la cathédrale Saint-Etienne de Cahors
Par Isabelle Rooryck, conservateur en chef honoraire du patrimoine.
Extraits d’un article publié en 2016 (version actualisée au 15 décembre 2018) par le site Le Rouge & Le Noir – R&N : le rouge et le Noir
Importance insigne de la Sainte-Coiffe de Cahors, chaînon manquant du « puzzle sacré » du saint Linceul de Turin
La Sainte-Coiffe (ou soudarion comme le suaire d’Oviedo, en grec & pathil en hébreu), est une relique infiniment précieuse.
Longtemps tenue au secret dans la chapelle Saint-Gausbert de la cathédrale Saint-Étienne, rarement ouverte au public, l’auguste Coiffure post mortem fait donc partie des othonia, ces linges rituels de l’ensevelissement dans la tradition hébraïque (l’historien Jan Wilson, spécialiste britannique du Linceul, confirme que la loi juive, inscrite dans le Mishnah, prévoit que le corps du défunt doit être apprêté dans le tachrichim, c’est-à-dire dans un ensemble complet de vêtements funéraires comprenant en particulier, une pièce de vêtement recouvrant la tête).
À cette époque, tandis que le linceul était maintenu avec des bandelettes transversales et que des parfums étaient répandus notamment sur les textures les plus proches du corps, les Juifs couvraient le chef du mort avec un linge conformé au volume de la tête et servant également de mentonnière – cette portion étant sans doute renforcée d’une mentonnière indépendante – grâce à une partie rubanée ou soutache permettant la liaison, celle-ci ayant pour fonction de tenir fermée la mâchoire que la mort et surtout pour le Christ, la torture, avaient laissée affaissée.
L’importance de ce couvre-chef mortuaire doit être reliée ontologiquement avec le linceul de Turin. En effet, celui-ci présente une zone blanche correspondant à l’arrière du crâne, aux joues, aux oreilles et au cou du Seigneur : c’est à cause de la présence de cette coiffure spécifique qui, elle, est bien ensanglantée sur ces parties, y compris la zone correspondant à la présence d’une couronne d’épines… ! Les taches de sang sont, dès lors, à rapprocher de celles du Suaire d’Oviedo.
La Coiffe ou soudarion johannique, de couleur bistre, sans doute écrue à l’origine, apparaît bien comme l’un des linges mortuaires utilisés pour l’ensevelissement de Jésus-Christ, possédant les caractéristiques des coiffes des premiers siècles (matière, forme, coupe, soutache la bordant et retenue par petit bouton, coutures).
Une Notice sur le Saint-Suaire de la tête de Notre Seigneur Jésus Christ vulgairement appelée la Sainte-Coiffe la décrit ainsi en 1899 : « Elle a la forme et les dimensions d’un serre-tête taillé pour s’adapter tout juste à la tête d’un homme, en laissant à découvert que le visage, depuis le milieu du front jusqu’au menton. Au toucher, la Sainte-Coiffe paraît ouatée ». Le dispositif est constituée de huit doubles de linges (comme huit coiffes superposées, bordées d’un ourlet), de textures différentes, appliqués l’une sur l’autre et cousues ensembles. « La première pièce à l’extérieur et la huitième à l’intérieur sont en crêpe-lis, et d’une telle finesse qu’on peut les comparer à une toile d’araignée. Les autres pièces sont d’un tissu moins fin ; mais la deuxième et la septième sont plus fines que la troisième et la sixième, et celles-ci plus que la quatrième et la cinquième qui sont au milieu » (voir la description complète in Babinet, op. cit., p. 34 & sq).
Champollion le Jeune, l’égyptologue figeacois, confirma en examinant la relique, une forme antique et orientale, reconnaissant une matière en fin lin d’Égypte, le tissu indiquant les premiers siècles du christianisme, ainsi qu’une coutume funéraire de l’Antiquité.
L’image sur le tissu se serait formée au moment de l’ensevelissement du divin Supplicié. Les proches de Jésus, malgré la hâte des apprêts tandis que le Shabbat approchait, Lui auraient alors mis ce serre-tête servant à maintenir le menton et donc la bouche fermée. C’est à ce moment-là que la Coiffe aurait été marquée de traces de sang.
Une grande tache de sang est en effet visible à l’intérieur de la Coiffe et perce à l’extérieur au niveau du bas de la joue droite, correspondant à l’arrachement de la barbe visible sur le Linceul de Turin. Une blessure est également visible au niveau de l’arcade sourcilière gauche en correspondance possible avec la blessure sur le Linceul. Plusieurs autres empreintes de sang plus petites représenteraient les blessures infligées par une couronne d’épines. Sur l’image frontale du Linceul, une zone autour du visage se présente sans image corporelle et sans taches de sang. Pour le bas du visage, celte zone non maculée peut être liée à la présence d’une mentonnière qui aura épongé le cruor.
Arrivée semi légendaire de la Relique en Quercy, et sa vénération historique
Appelée également suaire (la confusion entre suaire et linceul, peut-être issue d’une interprétation erronée du terme soudarion, n’est pas nouvelle. Dans l’ancien français, l’usage a produit une certaine confusion entre ces termes) et hautement considérée, l’auguste coiffure aurait été donnée à Charlemagne soit par le Calife Haroum al Rachid et le Patriarche Thomas de Jérusalem, soit par l’impératrice Irène de Constantinople.
La légende attribuerait à Charlemagne en l’an 803, le don de la Sainte Coiffe à Ayma (Aymatus), évêque de Cahors. Toutefois, la tradition plus véridique en attribue à Géraud de Cardaillac, évêque de Cahors, son apport à son retour de voyage en Terre sainte au début du XIIe siècle.
C’est l’hypothèse qui prévaut auprès des historiens du XXe s : R. Rey 1937 ; M. Durliat 1979, Robert Babinet, 2001. L’histoire générale de la province du Quercy de Guillaume Lacoste, écrite entre 1800 et 1830 et dont le deuxième volume révoque également en 1884 la légende, qui trouve cependant de nombreux défenseurs, comme l’abbé Montaigne dès 1844, puis l’abbé Boulade, dont la notice de 1885 correspond sans doute à la position officielle du clergé au moins jusqu’au début du XXe s. Elle trouve encore un avocat en 1972, en la personne de J. Juillet in Bulletin de la Société des Études du Lot
Au demeurant, la sainte relique est avérée au moins à partir du XIIIe s. à Cahors, ce qui corrobore son arrivée, rapportée par un obscur chevalier quercynois revenant de la IVe Croisade et l’offrant à la cathédrale de son diocèse. La passionnante étude de Robert Babinet complète l’épopée.
« Le premier reliquaire connu fut commandé par le chapitre-cathédral en 1458 : « une châsse d’argent, avec reliefs représentant les apôtres et les instruments de la Passion » selon l’abbé de Fouilhac (Chroniques de Quercy, cité par l’abbé Montaigne, p. 46-47, et par Guillaume Lacoste qui ne donne pas sa source : Lacoste, t. III, p. 418). Il fut disposé dans la Chapelle Profonde au midi de la cathédrale, consacrée par Antoine d’Alaman en 1484. La Sainte Coiffe y était placée sur un globe d’argent (sorte de forme de chapelier) afin d’en conserver le volume, d’après la relation que fit Marc Antoine Dominicy du vol du reliquaire lors de la prise de la ville par les Protestants…
1580 : le sac huguenot s’acharne sur la cathédrale. La sainte Relique, jetée comme vulgaire chiffon dans le ruisseau, providentiellement sauvée par une mendiante, préservée pieusement puis rendue au Chapitre. Celui-ci fit faire en 1585, une nouvelle châsse d’argent sur laquelle il fit graver une inscription commémorative dont le texte a été conservé… (Signalons que le meuble renfermant la châsse détruite en 1580 se trouve toujours à la garde de la Maison des Marquis de Braquilanges, au château de Cènevières (près Saint-Cirq-Lapopie 46). Une histoire légendaire autour de la table d’autel en marbre qui aurait été consacrée par le Pape Calixte II, transportée et partiellement brisée lors des Guerres de Religion, jetée dans le Lot à hauteur d’Arcambal, trouverait une autre partie conservée dans la chapelle castrale de Cènevières.).
L’abbé Montaigne affirme que cette châsse de 1585 est bien celle qui disparut pendant la Révolution.
Dès 1640, sans doute inspiré dans sa ferveur et avec le sceau de vérité inspiré par le Bienheureux Alain de Solminihac, comte de Cahors, prince d’Église pratiquant la pauvreté évangélique, évêque et réformateur du diocèse cadurcien depuis 1636 jusqu’à sa mort en 1659, Marc Antoine Dominicy, né à l’ombre du Pont Valentré, réalisait la première étude de la relique, publiée dans un opuscule accompagné d’une planche gravée, pour répondre à l’historien Chifflet qui l’avait taxée de fausseté.
L’année 1696 voit la Chapelle Profonde habitée d’un nouveau retable monumental sagement baroque, commandé par l’évêque Henri de Briqueville de la Luzerne et conçu selon les prescriptions du Concile de Trente par Gervais Drouet de Toulouse, élève du Bernin. L’ouvrage est en bois sculpté et partiellement doré et le coffre devant accueillir le reliquaire proprement dit, en forme de coffret oblong, muni d’un oculus vitré frontal.
Pendant les exactions de la Révolution, tandis que la cathédrale servit d’écurie et que la Relique fut jetée parmi les ordures, l’évêque constitutionnel Jean d’Anglars (1791-1802) la sauvait une nouvelle fois.
En 1825, la sainte Coiffe fut replacée dans une châsse reliquaire plaquée d’argent par le vicaire général de Cahors et supérieur du Grand Séminaire, Mgr Solacroup. La châsse se présente sous la forme d’un tempietto, désormais vide, mais toujours conservé à la cathédrale. Ce nouveau reliquaire, coffret carré aux angles verticaux renforcés de colonnettes, sommé d’un dôme surmonté d’une croix, pose problèmes de datation : il semblerait en effet remployer des éléments du reliquaire Renaissance, lui-même remonté en partie dans celui du XVIIIe s. ? L’hypothèse est plausible.
En 1899, Monseigneur Pierre-Alfred Grimardias, prince-évêque vouant sa fortune à l’enrichissement considérable de son diocèse, consacre avec faste la chapelle absidiale ornée de peintures néo byzantines et tableaux commémoratifs. Elle porte la dédicace au Saint Sauveur, comme la basilique de Rocamadour, en l’honneur de la sainte Coiffe qu’elle abrite dans un nouveau reliquaire-monstrance où elle se trouve encore aujourd’hui, mais mise au secret dans la chapelle saint Gausbert près de la salle capitulaire du cloître cathédral.
Le nouvel écrin est en bronze doré réalisé par l’atelier parisien Poussielgue-Rusand, orfèvre pontifical. La custode est enforme de tourelle circulaire évoquant une lanterne architecturée ouverte d’arcades enveloppant un tube de cristal.Le bandeau supérieur est gardé par des anges entourant une coupole conformée à la voûte crânienne, et surmontée d’une couronne enchâssant une croix dominant la sphère de l’univers. Aux angles de la terrasse, sont assis sur leur trône, l’evêque saint Didier de Cahors, l’empereur Charlemagne et le pape Calixte II. L’œuvre semblerait contenir en remploi certains éléments plus anciens.
L’étude des deux reliquaires de la Sainte-Coiffe a été reprise en juillet 2000 pour l’exposition 20 siècles en cathédrales, Reims, Palais du Thau, été 2001. Notice sur La Sainte Coiffe.
En 1960, la sainte Coiffe cesse d’être présentée à la dévotion des fidèles comme il était de tradition aux fêtes de Pentecôte. Jusqu’à cette date elle était montrée à découvert par l’évêque du haut de la chaire avec dans la tribune faisant face, les chanoines et les séminaristes. »
« Depuis de nombreuses années de déshérence en la cathédrale de Cahors, la chapelle Saint-Sauveur dédiée à la glorification du Messie par le truchement de la vénération de la sainte Coiffe, s’en est trouvée dégradée. Un programme de restauration sous la direction de l’architecte en chef des Monuments Historiques est fort heureusement en cours pour ces années prochaines, convergeant avec l’exhumation dévotionnelle qu’a marqué Monseigneur Camiade lors de son sacre épiscopal en octobre 2015.
Or cet espace dédié, dédicacé, présente toutes les dispositions nécessaires pour constituer un écrin digne du trésor.
Dans la tradition notamment bénédictine du XIIIe au XVIe siècle, une surélévation accentuée au-dessus de l’autel par le tabernacle et son exposition, puis par l’édifice du reliquaire en arrière du maître-autel, effectue une synthèse entre l’inspiration néo-byzantine harmonisée avec l’évocation de l’origine de la relique vénérée, sa légende de transmission carolingienne, et le goût de la fin du XIXe siècle pour les ordonnances néo-gothiques. Il est à noter que le décor est très proche de celui, contemporain, qui entoure la chapelle en l’abbatiale d’Argenteuil vénérant la Sainte Tunique.
La Sainte Coiffe se devait ainsi d’être présentée dans l’axe de l’édifice cathédral, dans la lumière de l’Orient, se détachant sur l’ouverture du vitrail, magnifiée par le tempietto évoquant à lui-seul un sanctuaire. La disposition doit permettre aux pèlerins, ou tout au moins aux officiants, de pérégriner sous le ciborium afin de, rituellement, se soumettre, s’investir des grâces attendues du contenu du reliquaire, y faire référence et révérence.À l’Orient de l’édifice, cette chapelle axiale est de plan elliptique, avec une voûte en cul-de-four cernée d’une épaisse corniche saillante. Protégé d’une table de communion en fer forgé ouvrant à deux battants centraux depuis le déambulatoire du chœur, l’espace est délimité par un arc de triomphe en plein cintre cantonné de colonnes engagées de moins d’un tiers. Une baie axiale romane s’ouvre sur un vitrail à entrelacs en grisailles. Le rythme de triple arcature animant le pourtour, à partir de cette ouverture, est complété de deux arcades aveugles destinées au discours historique par le biais de peintures sur toile marouflées.
Celle de droite est déposée, traitant de CALIXTE II COMMEMORANT… (la fin de l’intitulé a disparu).
La peinture de gauche présente une thématique héroïsée en style troubadour, avec l’inscription peinte en bandeau inférieur : CHARLEMAGNE FAIT DON DV SAINT SVAIRE / A L’EGLISE DE CAHORS. Sous des voûtes ogivales, l’empereur, nimbé d’un disque doré, s’y trouve debout, en armure et attributs de sacre (basileus sommée d’une croix ou couronne impériale constantinienne, chape sacerdotale, sphère de pouvoir ceinte de la croix) et désigne de la main gauche à l’intention de saint Namphase, proche de la Cour sinon de la parenté caroline, debout sur la droite, la châsse de la Relique en forme d’église gothique, présentée à genoux par un preux casqué, également nimbé : peut-être le vaillant Roland béatifié par la Légende dorée, le tout exalté dans cette interprétation du XIXe s. ? Clercs, moines, diacre et chevaliers, bannières, casques et draperies solennisent l’auguste scène.
L’ensemble de l’autel et son édifice reliquaire est en calcaire massif, sculpté et peint, avec parties rapportées en laiton incrusté d’émaux et orné de gemmes.
Rectangulaire, son massif est renforcé en façade et latéralement par des arcatures aveugles en plein cintre (cinq en antependium, deux de chaque côté) reposant sur des colonnettes en ronde-bosse. Les panneaux sont ornés d’un semis de croix en méplat. Un bandeau à décor palmé en relief ceint la table.
En retrait, un module rectangulaire enchâsse au tiers postérieur le tabernacle figurant un temple miniature à fronton triangulaire sommé d’un pédoncule pouvant accueillir une croix. La porte cantonnée de pilastres cannelés est en laiton à décor de pentures à rinceaux en relief rehaussés d’émaux et de gemmes. Une ornementation de frises géométriques et végétale, avec palmettes néo-égyptiennes, en relief élégi couvre l’ensemble de l’ouvrage.
Le ciborium-reliquaire, précieusement ornementé, est destiné à l’accueil du reliquaire de la sainte Coiffe.
Il est composé de trois parties superposées :
• un passage en partie inférieure reposant sur quatre piliers encastrés
• une zone médiane surélevant le tempietto par quatre colonnettes cannelées à section carrée et chapiteaux néo-corinthiens, un soffite orné d’une croix grecque en caisson.
• le ciborium proprement dit reposant sur une base rectangulaire ceinte d’une frise végétale en relief, surmontée d’une corniche sur modillons ornementés. Un haut fronton triangulaire en façade architecturée, est scandé de trois arcatures à rehaut illustrée d’un Christ dans une mandorle, en gloire sur la nuée, bénissant le monde au sommet, adoré latéralement par deux anges volant élevant la couronne d’épine à senestre, un calice (?) à dextre, en émail réservé dans le revêtement de laiton.
L’espace d’ostension de l’édicule central, sur plan orthogonal, s’élève sur quatre piliers ornés renforcés par quatre doubles colonnettes.
« Et l’histoire la plus loyale vous dit que ce suaire de la tête de Jésus est conservé depuis des siècles dans cette cathédrale ; elle vous dit que l’église de Cahors est seule à posséder ce témoin… ; elle vous fait assister, avec preuves à l’appui, aux péripéties diverses qui ont marqué son séjour dans ce Quercy, à la foi robuste comme son sol… Mes Frères, que vous importent les discussions byzantines ? Vous avez plus que l’Évangile écrit, vous !… vous avez si j’ose ainsi parler, votre Évangile palpable, matériel… vous avez votre suaire… Vous avez le témoin de la mort, de la sépulture, de la résurrection de votre Dieu… Catholiques de Cahors ! Saluez votre témoin. Et hoc vobis signum… Le Saint Suaire est pour vous un dépôt d’honneur. Et j’entends par ce mot, un dépôt sacré qui vous honore, parce qu’il est un trésor.
Certes, le chantre de votre relique n’exagère point quand il s’écrie : que votre ville a été grandement honorée, en recevant ce don insigne… ai-je besoin de vous rappeler que toute relique est chose précieuse à la piété chrétienne ?… en 1482 (et) en 1653 la peste ravagea le Quercy… La voilà aux portes de Cahors… La science est impuissante… et la terrible messagère de Dieu fauche impitoyablement sur son passage des milliers et des milliers d’existences humaines… Alors on se souvient qu’il y a un traité d’alliance entre Dieu etlaville, et par un acte de Foi dont l’audace n’a d’égal que la simplicité, on va sommer Dieu de tenir sa promesse ! On se précipite dans cette cathédrale, on court au Saint Suaire… On le porte en procession. .. Et tout Cahors est là, suppliant… Ce Saint Suaire, signe vénéré et incontestable de l’alliance entre Dieu et votre cité, préserve la ville de Cahors du terrible fléau… ».
® Isabelle Rooryck
Addendum :