Pèlerinage à Notre-Dame-des-Vertus
à Ligny-en-Barrois
Le 21 mai 2017
à Ligny-en-Barrois
Le 21 mai 2017
Procession et pèlerinage à Notre-Dame-des-Vertus à Ligny-en-Barrois ont lieu le dimanche précédant l’Ascension de Notre-Seigneur Jésus-Christ, soit, cette année, le 21 mai 2017.
« La Sainte Image de Notre-Dame des Vertus est à Ligny depuis 1459. Elle est remarquable car c’est une peinture sur soie et non une statue comme on en voit un peu partout.
Le pape Urbain IV (auparavant évêque de Verdun sous le nom de Jacques de Troyes) l’aurait donnée à un frère de Saint Louis en 1265. Puis, après maintes pérégrinations, l’Image pieuse est donnée aux chanoines de l’église collégiale de Ligny en 1459 par Antoine de la Salle, précepteur des fils du comte Louis Ier de Luxembourg.
La France vient de vivre des temps difficiles : c’est la fin de la guerre de Cent ans et le début de la Renaissance. La période va être marquée par le conflit entre Louis XI et le roi d’Angleterre allié au duc de Bourgogne. Louis Ier (1441-1475) lutte d’abord avec Charles VII en Normandie puis est fait connétable de France. Mais il complote contre Louis XI et s’allie à l’Angleterre ; il est arrêté et, chose rare pour un noble, décapité ! Le comté est confisqué (jusqu’en 1487). Heureusement suivra un retour en grâces dû aux alliances matrimoniales avec la maison de Savoie. Et les Dames de Savoie chérissent Notre-Dame des Vertus.
Pendant la guerre entre François Ier et Charles Quint, le comte Antoine de Luxembourg est allié au roi de France. Ligny est assiégée, prise d’assaut et en grande partie détruite le 29 juin 1544. La Sainte Image est volée par un reître impérial (cavalier allemand mercenaire) mais elle est récupérée par un laboureur au Bouchon-sur-Saulx et revient en grande procession en 1581. Cette procession est emmenée par la comtesse Marguerite de Savoie, bienfaitrice de la cité, qui la relève de ses ruines : elle fait construire le nouveau monastère des Capucins ; elle crée un Collège ; elle fait ériger un nouvel Hôtel-Dieu et fonde la maison Sainte-Marguerite, sorte de maison de retraite pour les veuves ; elle fait construire un logis pour les pauvres de la ville. C’est elle qui développe réellement le culte à Notre-Dame des Vertus.
A Ligny, nombreux sont les partisans des idées nouvelles, notamment parmi les membres du clergé. Par contre, quelques clercs vont s’opposer à la Révolution, refuser de prêter le serment à la Constitution. Certains vont même, comme le Bienheureux Nicolas Tabouillot, être déportés à Rochefort.
Comme partout, les biens du clergé sont confisqués, transformés en biens nationaux puis vendus. Ainsi la Collégiale fut supprimée en 1790. L’église est vendue le 1er février 1791 puis détruite. Mais auparavant, le 22 décembre 1790, le tableau miraculeux avait été transporté dans l’église paroissiale en grande pompe. Pendant la Terreur, le tableau fut caché par deux conseillers municipaux. En 1795, on s’avance vers une liberté religieuse relative. A Ligny le 29 prairial An III (17 juin 1795), 24 citoyens obtiennent les clefs du temple de la municipalité, à charge pour eux d’entretenir l’édifice. Ils se voient aussi confier l’image de la Vierge avec son cadre et sa grille de fer doré.
En 1814, lors de la « Campagne de France », Ligny fut assiégée. Un millier de jeunes soldats (surnommés les « Marie-Louise ») se défendirent avec énergie à un contre dix. Cela n’empêcha ni la prise de la cité ni le pillage, mais les maisons ne furent pas détruites. Selon le Chanoine Souhaut : « La protection du ciel sur la ville parut incontestable aux Prussiens qui attribuèrent à l’Image miraculeuse l’inutilité des efforts de leur artillerie pour incendier la ville ».
La grande spécificité linéenne est le développement de l’industrie dans la 2è moitié du XXè siècle (alors que, globalement, en Meuse, c’est l’inverse qui se produit).
La couleur politique de Ligny va donc changer et on va voir apparaître des tensions, voire des heurts entre la gauche et la droite. La mise en place des lois anticléricales va trouver un écho favorable ici.
Mais malgré les affrontements politiques, problèmes municipaux, guerre entre le curé et le maire, de vraies bagarres (entre les gosses des écoles), rien n’a été fait contre de Notre-Dame des Vertus ! Il semble qu’elle fasse l’unanimité et qu’elle transcende les querelles entre cléricaux et anticléricaux.
Le Couronnement permet d’être reconnu comme « Notre-Dame de…. ». La Meuse compte cinq Vierges couronnées : Notre-Dame d’Avioth, de Benoîte-Vaux, du Guet (Bar-le-Duc), de Verdun et des Vertus !
Cette fête grandiose se déroula le 25 septembre 1894. Sur la place, une énorme estrade, ayant la forme d’un pont avec deux arches, avait été dressée. La messe pontificale fut chantée en présence d’une foule qui aurait été évaluée à vingt-deux mille personnes. L’après-midi, une procession eut lieu à travers la ville et la riche couronne fut posée sur l’Image sainte de Notre-Dame des Vertus par Mgr Pagis, évêque de Verdun.
D’après certains, Notre-Dame des Vertus protégea la cité : en effet, 4 bombardements ne causèrent aucun mort. Par contre, 240 enfants de Ligny laissèrent leur vie… Le 25 septembre 1919, 25e anniversaire du couronnement, la paroisse organise une fête afin que les Linéens, qui s’étaient recommandés à Notre-Dame des Vertus, puissent la remercier !
Le 14 juin, Notre-Dame des Vertus et presque toute la population quitte la ville. Le chanoine Chevelle l’emporta avec lui dans une valise de cuir. Mais les Linéens sont rattrapés par les Allemands le 18 et rentrent dans leur cité le 26 juin : la Sainte Image peut retrouver sa place.
Pendant la durée de la guerre, on assiste à un regain de ferveur religieuse. Les processions sont très suivies.
Notre cité fut libérée le 31 août 1944. Les troupes alliées perturbèrent la fête du 50è anniversaire du couronnement qui n’eut pas lieu. Le 25 septembre, une procession eut lieu dans l’église ; les paroissiens entendirent un grand bruit : c’était la porte de Strasbourg qui venait d’être dynamitée par les Américains…
Enfin Ligny-en-Barrois fêta le cinquième centenaire de Notre-Dame des Vertus du 26 avril au 3 mai 1959 par plusieurs manifestations en présence du Nonce apostolique en France, de sept évêques (dont Mgr Petit, évêque de Verdun), ou encore de Louis Jacquinot, ministre d’État.
Ce fut grandiose : toute la ville était décorée et la foule immense. La messe du 26 avril fut radiodiffusée par la R.T.F. Le vendredi 1er mai, fête du travail, fut marquée par une messe dite corporative : les jeunes de la JOC avaient orné le devant du choeur de panneaux rappelant les diverses industries locales. La messe du 3 mai fut célébrée dans le parc avant la grande procession des cinq Vierges couronnées du diocèse dans la ville décorée de deux arcs de triomphe et de guirlandes. Ce dimanche 3 mai fut le sommet des festivités avec la présence de 15.000 pèlerins ! » (Ensemble de ce texte d’après Pierre LEFEVRE, catholique Verdun)
